Le cerveau et nous
- kissmaganga
- 1 oct. 2021
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 4 oct. 2021
L’esprit, une notion vague que nous humain questionnons en permanence que ce soit pour savoir où il se trouve, qu’est-ce-qu’il représente pour notre être ou simplement sa pure existence. Une idée globalement diffusée est que l’esprit est la source de nos pensées et en partant de cette hypothèse on ne peut que se questionner sur sa relation au cerveau, puisqu’il est considéré lui comme le siège de nos pensées. De nombreuses actions se produisent constamment dans notre corps sans que la moindre réflexion n'ait été nécessaire et pourtant ces mécanismes sont bien contrôlés par un organe: le cerveau. Il y a donc une dimension inconsciente à nos agissements et si le cerveau est à la fois le siège de nos pensées immatérielles et la source de nos actes, le questionnement devient plus grand encore. Quelle est la place du cerveau dans notre corps et sa position par rapport à notre esprit? En sommes-nous détachés ou alors peut-il être considéré comme la représentation physique de ce que nous sommes? Sommes nous un cerveau dont le reste du corps n’est qu’une armure protectrice? Pour tenter de répondre à cette question, nous allons prendre l’exemple simple de la douleur puisqu’elle peut être physique ou psychologique.

Cerveau dépressif à gauche et cerveau normal à droite, Source: La dépression, pathologie cérébrale - Centre de la dépression
Commençons par la douleur physique; elle est définie comme une lésion tissulaire réelle ou potentielle qui entraîne une excitation de terminaisons nerveuses sensibles aux stimulations douloureuses appelés nocicepteurs. Ils se situent principalement à la surface de la peau mais peuvent aussi être retrouvés dans les muscles, les os, les vaisseaux, les muqueuses et les tendons. Lorsqu’ils sont stimulés, ils envoient un signal à la moelle épinière qui le transmet alors au cerveau qui crée ainsi la sensation de douleur . On pourrait penser que si c’est de notre cerveau, de “nous”, que vient la douleur, nous devrions être en mesure de la contrôler et donc de l’arrêter sur commande mais ce n’est pas le cas. Nous savons qu’il est pourtant possible de ne pas ressentir de douleur alors que notre corps subit un traumatisme qui devrait procurer une sensation de douleur importante car elle deviendrait incapacitante dans une situation de survie. Le fait qu’on puisse ignorer que l’on est blessé par absence de douleur pourrait vouloir dire que l’on peut contrôler ce que notre cerveau nous fait ressentir. Mais est-ce vraiment nous qui sommes à l’origine de ce phénomène? La douleur est une alarme lancée par notre corps pour nous dire de se dégager d’une situation qui l’endommagerait, nous sommes à sa merci. Cela signifie que le cerveau, par la création de la sensation de douleur, tente d’influer sur nos actions. Ainsi, ce qui ressort du questionnement de la relation entre la douleur et le cerveau est que la part consciente de nous ne rentre que peu dans l’équation. On se retrouve donc avec un cerveau qui est détaché de notre être; cependant, ce n’est pas suffisant pour trouver sa place par rapport à l’esprit. On ne saurait affirmer que le cerveau a le dessus sur l’esprit. Tout ce que nous savons jusqu'ici est que le cerveau peut agir à la fois sous l’impulsion de la pensée et contre notre gré selon les besoins du corps. Une autre approche serait alors de le considérer comme la jonction entre le corps et l’esprit. Pour poursuivre, nous allons nous intéresser à la douleur psychologique qui ajoute un degré de complexité aux relations corps-esprit.
Comme la douleur physique, la douleur mentale est contrôlée par notre cerveau et plus encore, elle s’y trouve. En effet, les neurologues ont prouvé depuis longtemps que les émotions ont des manifestations physiques sous la forme d’impulsions dans notre cerveau et quelles sont liées à son activité chimique. Les cas extrêmes de ce phénomène sont les maladies mentales, des troubles chimiques qui régissent les pensées, les sentiments et les agissement des personnes atteintes de ces pathologies. La psychiatrie a permis de rendre tangible les pensées abstraites et de les modifier en administrant de nouveaux agents. Un trouble psychiatrique qui constitue un exemple probant de l’influence du cerveau sur l’esprit est la bipolarité. Les personnes bipolaires sont sujettes à des variations d’humeur qu’elles ne contrôlent pas mais qui s’imposent à elles comme étant leurs et il s’en découle des actions impulsives et irrationnelles. Dans une certaine mesure, on peut voir ceci comme une tromperie de l’esprit par le cerveau; l’organe fabrique non seulement des sentiments, mais aussi des désirs et nous convainc qu’on en est l’origine.
Freud avait déjà montré le lien des réactions physiques au mental avec la psychanalyse. Le fait que l’on puisse guérir des maladies mentales grâce à la neuroscience et maintenant la preuve que le cerveau contrôle nos sentiments au point d’évoluer en parallèle avec elles montre que le cerveau en plus d’être le siège des pensées et des idées, autrement dit notre intellect, est aussi le siège de nos émotions. Les réactions psychosomatiques sont des exemples du lien entre les émotions et le corps; elles sont créées par le cerveau et sont la transcription physique de nos sentiments comme le dit Lucrèce dans De la nature. Ainsi, à la question “Où se place le cerveau par rapport à l’esprit?” Nous répondrons que le cerveau est la connexion entre l’esprit et le corps et nous dirons même que c’est aussi la jonction entre l’âme et le corps. Nous ne sommes donc pas juste notre cerveau mais un autre être qui y est étroitement lié.
Comentários